Posted by Giom | Posted in Asie du Sud-Est, Birmanie, Sur la route | Posted on 14-02-2014
J’ai décidé de consacrer plus de temps au sud du pays, de Mawlamine à Kawthoung.
Cette partie du pays est ouverte aux touristes depuis seulement 3 mois !
Je quitte Yangoon avec un mal de bide qui me fatigue. Le temps du bus de nuit ça va mieux. Arrivée à 3h du matin à la gare routière, je négocie avec un policier pour pouvoir dormir une paire d’heures dans la “police station”. Le matin je prends la direction du sud, sur cette péninsule à peu près inexplorée côté Birman et visitée à outrance côté Thai à moins de 50Km à l’Est.
J’ai repéré un monastère qui accueille des étrangers, Pa Auk Forest Monastery. On y vient pour apprendre la méditation basée sur l’attention de la respiration: Anapassati en Pali, langue du Bouddha.
Je ne pense pas y rester longtemps mais suis curieux de visiter ce lieux où vivent près de 1000 personnes réparties dans la forêt, au calme, à méditer.
Je vous passe le cours de méditation qui est une démarche personnelle. Et de surcroit je n’y connais rien pour en parler. Tout se passe à l’intérieur. Comme dit le petit prince: “L’essentiel est invisible”. Sachez juste que vous pouvez découvrir cette forme de méditation dans plusieurs centre dans le monde y compris en Europe (France, Belgique..) lors de sessions de 10 jours… Pour les curieux tapez “Anapanassati” ou “Vippassana” sur votre moteur de recherche préféré…
Pas de bol je suis malade à nouveau au Monastère, j’y reste donc 3 nuits quand j’avais pensé y rester une seule. Lorsque je repars, je me rend compte que je n’ai pas entendu un bruit de moteur ou autre perturbation sonore des 3 derniers jours !
Retour sur la route avec mon vélo qui intriguait tant les moines.
Je m’arrête manger dans une gargotte au bord de la route, sors tout mon vocabulaire Birman, et ça y est: “Il parle Birman !” On commence à me causer de la pluie et du beau temps ! Hola doucement l’ami, j’adorerais te comprendre mais j’ai juste dit “Bonjour, comment ça va ?”
Je commande à manger toujours en pointant du doigts, un peu de ça et de ci. Le tout accompagné de riz bien entendu.
Un repas coûte 800 à 1200 Kyat, soient entre 60 cts et 90 cts d’euro !
Et dans ce ptit restaurant, aujourd’hui ils m’offrent le repas ! Cela faisait longtemps que je ne me suis pas vu offrir à manger ! Et ici, dans un pays où le peuple est très pauvre, eh bien oui, c’est ici qu’on m’offre un repas ! Toujours et encore le même refrain… Les pauvres donnent tout ce qu’ils ont…
Ici les gens sont certes pauvres financièrement mais je sens une solidarité profonde. Le fait de m’offrir un repas n’était pas par pitié mais plutôt par envie d’aider un voyageur avec un vélo bizarre qui fait un ptit effort pour dire 2/3 mots en Birman. Les gens n’ont que peu de travail, les routes sont défoncées et si quelqu’un a un problème toujours on verra un passant donner un coup de main. La vie n’est pas facile alors on s’entraide.
Et je le sens même sans parler la langue du pays. Regardez ces regards directs et profonds qu’ont ces enfants ou adultes pris en photo ! J’aime cette humanité qui dépasse la barrière de la langue.
J’arrive à Dawei à 6h du matin. J’ai parcouru 100Km à vélo après être sorti du monastère. Vu de beaux villages, un marais salant, une rivière ou 2. il est 16h lorsque j’arrête un camion pour me prendre en stop. Il va me déposer 200 Km plus loin à Dawei, à 6h du matin. 14h de route pour 200 Km de piste, route pourrie c’est le moins qu’on puisse dire.
A Dawei je dors dans l’hotel le moins cher et tombe forcément sur les quelques touristes illuminés venus voir ce qui se passe par ici. Il y a de belle plages ici. Finalement les répliques de celles qui se trouvent côté Thai, à la différence près qu’ici il n’y a pas des millions de touristes mais personne. Il y a 3 mois on ne pouvait pas circuler ici en tant que touriste ! Avec Thomas, Français, nous partons explorer à scooter les plages à 35Km de Dawei. Et c’est bluffant ! Pas un chat sur une plage de sable blanc imaculé de plusieurs Km de long ! Pas moyen de dormir au bord de l’eau il n’y a pas un hotel en vue. Quelques touristes par ci par là mais faut bien les chercher.
Je repars après 3 nuits à Dawei, un Longyi en poche pour m’habiller comme les hommes Birmans. Direction le Sud.
A 80 Km de Dawei – route toujours merdique, je bouffe de la poussière – je bifurque à Ya Nge, village du bord de route. D’après ma carte pas très précise, je suis à moins de 5Km de la mer, allons explorer ! Je tente de me faire comprendre en mimant un gars qui nage pour demander si par là, à droite, je peux trouver la mer. Oui, par là. Allez hop !
Et j’ai bien fait, malgré la route secondaire d’un niveau encore plus délabrée, je me trouve au bord d’une plage déserte mis à part quelques pêcheurs !
Il est 14h, je me baigne en laissant mon vélo sous un cocotier – véridique Puis prend une douche au puits en ayant pris le soin de demander si je peux utiliser quelques seaux pour me laver à la famille qui habite là.
Le cadre est tellement reposant et beau que je tente de voir si je ne pourrais pas dormir là… Et là encore je sais que la police peut débarquer même en pleine nuit car c’est interdit. Et contre toute attente la famille accepte sans problème ! Je jubile !
Je pars alors faire un tour à vélo sur la plage vide au coucher du soleil, moment magique !
Repas avec la famille, j’ai contribué avec des soupes instantannées. Ce soir c’est poisson ! Ha ahaha ! ça doit être souvent poisson par ici j’me dis… Mais frais le poisson, difficile de faire plus frais ! On est à 20m de l’eau.
Le matin j’assiste à la séance de maquillage au Tanaka et mange avec eux avant de repartir des étoiles dans les yeux de ma nuit au bord de la mer. Sachant qu’à chaque instant la police aurait pu venir me demander de partir, j’ai encore plus savouré !
La nuit suivante je la passe dans un monastère et manque de peu de me faire embarquer à dormir au poste de police… J’ai négocié durement en rigolant avec le policier… Finalement c’est ok ! Il s’en est fallu de peu.
Puis à Palaw, je tombe sur Aung Kyaw Myint, pompier. Je lui dit que je veux explorer les plages alentour et me voici embarqué sur son scooter à visiter une pagode au bord de l’eau, sa famille et amis… Il voulait me faire dormir dans la caserne, mais là la police est venue, a scrupuleusement regardé chaque page de mon passeport pendant 20 min pour conclure que je devais aller à l’hotel. Y’en a un seul c’est pas compliqué !
Les routes sont désastreuse mais les gens formidables de curiosité et gentillesse !
Je navigue entre plages désertes et forêts d’hévéa.