Posted by Camille | Posted in Asie, Chine, Sur la route, Tibet | Posted on 03-05-2013
Dernier jour à Golmud. Nous nous préparons pour la grande aventure ! Entrer et pédaler au Tibet. Le plateau le plus haut du monde nous attend. La route Golmud Lhasa est en moyenne à 4500m d’altitude.
Nous commençons avec Fernando, un intrépide et aventureux Espagnol qui comme nous voyage à vélo. On s’est rencontrés par hasard à l’auberge de Golmud. Un gars rempli d’énergie qui adore la montagne pour qui le vélo est un moyend de transport lui permettant de s’approcher au plus près des pics qu’il veut grimper ! Et pas n’importe lesquels ! Des pics encore non escaladés, il y en aurait plein dans le coin. Un sacré ce Fernando !
Tous les trois nous partons faire des courses au supermarché du coin pour des provisions pour 10 jours. Nous allons essayer de ne pas nous arrêter dans une seule ville sur la route et encore moins d’y dormir. Entrer au Tibet est difficile pour les étrangers car la Gouvernement Chinois impose un permis spécial qui est hors de prix. Ce gouvernement est en train d’utiliser le Tibet pour des essais nucléaires, pomper l’or et autres ressources présentes dans le sol sans parler de l’oppression sur la culture Tibétaine…
Ce fameux permis est un petit papier permettant de circuler avec un guide et une voiture pour la modique somme de 300 yuan soient près de 38€ par personne par jour…
Donc vous l’aurez compris, pas de permis pour nous mais des passages de check-points par les chemins de traverse !
Nous savons que ça va être compliqué et risqué, mais c’est le “prix” à payer.
Nous avons la chance d’avoir un ami Anglais, Jude, qui est quelques jours avant nous et nous tient au courant par texto de son avancée et des check-points à passer.
Avec ces infos, de bonnes cartes et des recherches depuis Bishkek, nous savons où nous allons et mettons toutes les chances de notre côté pour parcourir la “Golmud Lhasa Highway”, voir Lhasa et rallier le Népal puis l’Inde !
C’est comme un jeu, nous jouons, nous pouvons perdre. ça risque d’être difficile: altitude, cols à plus de 4600m voire 5200m, la neige, les Km à aligner sans s’arrêter, pas possibilité de s’arrêter dans les villes…
Le premier Check-point, nous le passons de nuit avec Fernando, en poussant les vélos dans un champ de sable à 500m à l’est de la route. Quand nous revenons à la route, nous avons le coeur qui bat à 100 à l’heure ! Première étape vers la clandestinité !
Nous sommes motivés, ça a passé, nous nous sentons bien et plein d’énergie !
Les jours suivants se succèdent comme d’habitude: pédaler librement en profitant du paysage, animaux sauvages, vent dans le dos (parfois), nature… Bien que ça soit une route par laquelle transitent pas mal de camions, elle est relativement tranquille. Nous profitons de la compagnie de Fernando pour échanger nos histoires et astuces.
Peu à peu nous gagnons de l’altitude et ça se sent ! Partis de 3000m à Golmud.
Quand nous faisons un effort simple comme pousser le vélo, nous sommes essouflés en très peu de temps. Nous devons ralentir tous nos gestes et respirer profondément.
En haut des cols, des drapeaux tibétains volent au vent. Multicolores, avec des prières en tibétain, ils sont accrochés aux statues ou poteaux. C’est déjà une belle récompense de voir cela en haut d’une côte de plusieurs Km ! Les paysages sont inspirants à plus de 4000m, ils nous apaisent de leur pureté. Nous avons l’impression d’être plus près des nuages, plus facile pour deviner les formes qu’ils prennent !
Nous devons pédaler vent à contre de nombreuses heures et ça fatigue vite. Peu à peu nous avançons. La neige vient s’ajouter a tableau, mais nous avons de la chance car la température descend rarement au dessous de zéro. Nous campons le soir cachés de la circulation, claqués de notre journée, mais difficile de se cacher, il y a toujours quelqu’un dans les parages !
Une fois dégusté une des ces succulentes soupes de nouilles déshydratées (ironie) nous sommes les plus heureux de nous glisser dans nos sacs de couchage en plume !
Les Check-points, nous les évitons d’une façon ou d’une autre, en se couvrant le visage avec un foulard, en les passant rapidement, de nuit ou de loin… Tout se passe bien grâce aux indications de Jude. Nous croisons même de nombreuses voitures de la police sans souci, sans parler des hordes de camions de l’armée qui pululent sur cette route, par rangs de 28 (on a compté!)
Un soir alors que Felix fait du sur-place, nous finissons par demander l’hospitalité à une famille de berger de yaks. Conscients du danger que cela implique pour nous voire plus pour la famille nous essayons de nous faire discrets. Les Tibétains nous ont reçu naturellement. Accueillante la culture Tibétaine nous rappelle la Turquie, l’Iran, l’ouzbékistan ou le Kirghizistan. Nous nous émerveillons des couleurs des peintures à l’intérieur des maisons mais aussi des vêtements traditionnels.
Les chapeaux typiques, les vestes marrons aux longues manches, les centures et ornements de pierres aux couleurs vives.
Les Tibétains ont un regard chaleureux, sensible et apaisant.
La décoration des maisons est un régal pour nos yeux occidentaux. Couleurs attrayantes bien combinées et en harmonie avec l’entourage. Des dragons protègent le foyer, des montagnes et des êtres mythologiques peuplent les poutres soutenant le toit de fibre tressée. L’intérieur des maisons est grand, tranquille et accueillant, chaleureux grâce à un poëlle typique qui réchauffe la pièce (parfois) unique du foyer.
Nous avons pu ainsi goûter à une bonne partie des produits dérivés du yak: viande séchée, lait et thé salé au beurre ! Pour petit-déjeuner, nous avons pu dévouvrir une pâte à base de farine (laquelle ?), sucre et beurre rance de yak. Pas tellement à mon goût, mais plein d’énergie ! En combination avec le thé salé au beurre de Yak ! Ils le font ainsi: un de beurre dans un mixer, de l’eau bouillante, on mixe et voilà !
Nous savourons chaque Km sur le plateau Tibétain malgré la pression des jours du visa diminuant à vue d’oeil… Nous ne pouvons pas renouveler notre visa à Lhasa et n’avons donc pas d’autre choix que de nous dépécher et pédaler, pédaler, pédaler encore et toujours !
Un soir après avoir monté un col à 5100m et essuyé une jolie petite averse de neige, un camion nous propose de nous emmener à 300km de là… tentant, mais il y a un Check-point au milieu… Nous embarquons et passerons le CP en marchant derrière le poste de police de nuit, de connivence avec le chauffeur. Il nous laissera à Tangula pass à 5200m d’altitude en pleine nuit par -15°C.
Nous continuerons à passer les CP et autres controles de police, tout se passe bien et le paysage est toujours aussi fou !
bien joué les gars!
Ah MERCI les gars, ça fait REVER ces paysages (je lis pas les liens dans l’ordre mais c’est pas grave).
De tout cœur avec vous, CARPE DIEM !!!!
Tibet is Rock’n'roll!