Posted by Giom | Posted in Asie du Sud-Est, Birmanie, Sur la route | Posted on 01-02-2014
J’arrive en bus à 6h du matin à Nyaungshwe, la ville au Nord du Lac Inle.
J’ai téléphoné à une bonne dizaine de Guest House et hotel à Nyaungshwe pour réserver car j’ai entendu dire que les prix sont prohibitifs et nous sommes en pleine saison … Le problème de la Birmanie avec le tourisme c’est qu’il n’y a pas les infrastructures nécessaires pour accueillir !
Donc les agence de voyage réservent tout et en voyageur indépendant, il faut trouver une autre solution.
Je décide donc de prendre un bateau en direction du sud du lac histoire de voir tout de même – tant qu’à être là – les fameux pêcheurs Intha. Le Lac est entouré de montagnes qui se dévoile peu à peu que la chaleur monte. Paysage enchanteur, oui mais pour combien de temps ?
Le gouvernement taxe 10$ chaque touriste arrivant en bus. Bien sûr pas un seul de ces dollars n’aide les locaux ou aide à préserver le cadre de ce lac exceptionnel. La pollution est omniprésente.
Mais comment en vouloir à la génération des parents qui – jusqu’à il y a 10 ans – a vu toute la nourriture arriver des villages alentours dans des feuilles de banane ? Eh bien une fois fini on jette la feuille dans le décor. Sauf qu’aujourd’hui la feuille de banane est en plastique. Sans compter les touristes – qui eux le savent que le plastique ça pollue – mais balancent quand même le sachet par terre…
Donc c’est beau aujourd’hui, mais la question à la con, c’est combien de temps encore ?
Arrivé à Inn Dein, au Sud du lac je remonte le long du lac vers Kalaw, on m’a dit qu’il y a un monastère où je pourrais dormir… Allez hop c’est parti. Petite montée dans les montagnes autour du lac, vue plutôt jolie. Personne sur la piste, le pied, silence, sifflements d’oiseaux. Des Pa-O, l’ethnie du coin moissonnent le blé à la faux. Leurs foulards rouge pétant sur la tête des femmes sont comme d’énormes coquelicots !
J’arrive au Monastère au bon moment. Un guide et 2 touristes Taïwanais y arrivent. Le guide me dit que c’est complet mais que je peux venir avec eux loger dans une famille à 20 min de marche de là. C’est parti ! Parfait !
Je suis aux anges de pouvoir dormir chez une famille même si c’est organisé, c’est déjà mieux que d’aller à l’hotel ! Repas préparé par la famille, douche succinte au puits et ballade autour du village en 15 min. Ici le soir il fait frais: presque 18°C le soir !
Je n’ai fait que 20Km de vélo mais pris tout mon temps pour admirer, penser, manger, réfléchir, profiter du silence.
Le lendemain, je traverse un plateau agricole encore une fois reposant car très peu de circulation. La route est presque bonne, parfois… Je savoure d’être seul avec mes pensées, mes idées qui ne demandent que du temps pour se développer. Le silence est un luxe que peu de gens ont la chance de goûter.
Une nuit à l’hotel à Ywangan. Puis direction Mandalay le lendemain. Je traverse la montagne. Routes extra-détruites.
Heureusement le paysage rattrape le coup.
J’arrive dans la vallée de Myoggi où des Chinois construisent un ENORME barrage hydro électrique. Vallée fertile contrastant avec le paysage sec de la veille. C’est vert, des bananiers, du blé, du riz, des oranges, des arbres fruitiers…
Là, comme une claque à la gueule, je prends conscience de l’importance de l’eau ! Cette eau est la vie, la fraicheur, sans elle il n’y a rien que des cailloux. Ce paysage explose de vie grâce à elle !
Arrivé à Mandalay le lendemain après une nuit à Kyaukse, je tombe sur Wai Tun, homme de 45 ans qui me prend littéralement en charge m’amenant dans l’hotel le moins cher m’a t-on dit de Mandalay. Il n’est pas du tout bon marché.
Il m’emmène à un autre à 2 pas de là. Et je finis par dormir dans la salle de méditation pour 10$ au lieu des 18 annoncés. J’ai dormi 2 mois dans les temples en Thailande. Si je pouvais je ferais de même mais c’est plus compliqué avec le gouvernement Birman…
Wai Tun m’emmène visiter son bateau le long de l’Irrawady, une autre rivière qui prend sa source au Tibet. Il vit dans une sorte de péniche avec son frère, aujourd’hui son oncle moin est là. Un moine au joyeux sourire édenté ! Il lit le journal, scène tout ce qu’il y a de plus banal allez vous dire…
Eh bien pas tant que ça figurez vous ! Car cela ne fait que 6 mois à peine que les journaux indépendant du gouvernement et de la censure sont autorisés ! Donc ce geste à l’apparence normale devient presque un acte de militantisme ! Je me souviens bien de ce qu’il m’a dit: “ça parle de politique, j’y comprends rien mais je m’y intéresse !”
Magnifique d’entendre ça après 50 ans de dictature, toujours en place mais qui s’ouvre petit à petit…
Mandalay, je n’en ai rien vu de ce que les guides proposent. Wai Tun est venu me chercher le lendemain matin pour aller “faire un tour”. On a littéralement fait le tour de toute la ville, des monastères qu’il préfère, du centre de méditation où il va, de la montagne sacré qu’il apprécie, passé dire bonjour à sa mère, ses amis et voilà il fait nuit. Coucher de soleil au pont en tek de Amarapura. Wai Tun me dépose à l’hotel après la journée à scooter, j’ai mal au cul, vivement mon vélo !
Cet homme a été d’une incroyable bonté avec moi. Il a passé sa journée à me trimballer partout autour de sa ville, sans même accepter que je paye l’essence pour son scooter. Je n’en reviens toujours pas.
Ce pays m’enchante par son peuple, me dégoute par son gouvernement.
Au fait y’a t-il un pays au monde qui aime son gouvernement ?